Maquette blanche ou maquette en couleur : comment choisir la bonne approche ?

Introduction

Dans tout projet de conception — qu’il s’agisse d’architecture, d’urbanisme ou de design — la maquette physique joue un rôle clé. Elle permet de matérialiser les idées, de tester les formes, de communiquer les intentions. Mais une question se pose souvent au moment de la réalisation : faut-il opter pour une maquette blanche ou une maquette en couleur ?

Derrière cette apparente simplicité se cache en réalité un véritable choix stratégique, qui dépend du stade du projet, de l’audience, et de l’objectif visé. Chaque type de maquette a ses avantages, ses limites, et ses cas d’usage. Et si, finalement, le meilleur choix n’était pas de trancher, mais de combiner les deux ? C’est ce que nous allons explorer, avec à l’appui un exemple concret : le projet Partenord.

Qu’est-ce qu’une maquette blanche ?

Définition et caractéristiques

La maquette blanche, comme son nom l’indique, est une maquette monochrome réalisée en teintes neutres (souvent blanc, gris clair ou beige). Elle met de côté toute notion de couleur pour se concentrer exclusivement sur les formes, les volumes et les proportions.

Ce type de maquette est généralement réalisé à partir de matériaux tels que :

• carton plume,

• plastique blanc,

• impression 3D non peinte,

• résine ou mousse dense.

Avantages de la maquette blanche

• Lecture volumétrique claire : sans couleur pour distraire l’œil, on perçoit mieux les pleins, les vides, les hauteurs, les jeux d’ombres et de lumière.

• Abstraction volontaire : elle laisse place à l’interprétation, ce qui est idéal en phase d’esquisse ou de concours.

• Simplicité de réalisation : pas besoin de choix chromatiques ou de détails complexes, ce qui permet un gain de temps.

Inconvénients à considérer

• Moins intuitive pour un public non expert : sans repères visuels, certaines personnes peuvent avoir du mal à comprendre ce que représente la maquette.

• Absence de contexte : pas de matériaux, de végétation, ni d’indications d’usage ou de fonction.

• Rendu parfois trop "technique" : peut donner une impression froide, voire inachevée.

À quoi sert une maquette en couleur ?

Définition et usages

Contrairement à la maquette blanche, la maquette en couleur cherche à représenter la réalité ou l’intention visuelle du projet. On y retrouve des teintes correspondant aux matériaux, à la végétation, aux affectations d’espaces ou encore aux flux.

Elle est souvent utilisée :

• en phase de présentation finale,

• pour des expositions publiques,

• dans le cadre de projets participatifs ou pédagogiques.

Avantages de la maquette colorée

• Meilleure lisibilité pour tous : la couleur aide à identifier les éléments clés du projet (existant vs nouveau, bâti vs végétation…).

• Plus engageante visuellement : elle capte l’attention, suscite l’intérêt.

• Communication renforcée : elle facilite la projection, surtout pour des publics non techniques.

Inconvénients potentiels

• Risque de mauvaise interprétation : la couleur peut figer une intention, même si celle-ci est encore en réflexion.

• Peut détourner l’attention : trop de détails ou une palette mal choisie peuvent nuire à la clarté globale.

• Temps de production plus long : nécessite une réflexion graphique et parfois une finition plus soignée.

Maquette blanche ou en couleur : selon quels critères choisir ?

Le choix ne dépend pas uniquement d’une préférence esthétique. Plusieurs facteurs entrent en jeu :

• Phase du projet :

  • → Esquisse ou concours : privilégier le blanc pour se concentrer sur la forme.

  • → Présentation publique ou validation finale : la couleur peut mieux porter le message.

• Public cible :

  • → Experts techniques (urbanistes, architectes) : la maquette blanche suffit souvent.

  • → Usagers, élus, grand public : une maquette colorée est plus accessible.

• Nature du projet :

  • → Projet conceptuel : abstraction = maquette blanche.

  • → Projet d’aménagement concret ou collaboratif : maquette en couleur.

• Contraintes de temps et de budget : la couleur demande plus de ressources.

Et si on ne choisissait pas ?

Dans bien des cas, le meilleur compromis est de ne pas choisir entre les deux, mais de tirer parti des avantages combinés de chaque solution. Une approche mixte permet d’équilibrer neutralité et expressivité, clarté technique et accessibilité visuelle.

Par exemple, on peut :

• garder une base blanche pour représenter l’environnement existant ou les éléments non modifiés,

• utiliser la couleur avec parcimonie pour souligner les zones d’intervention, les nouvelles constructions, les flux ou les espaces publics.

Exemple : le projet Partenord

Dans le cadre du projet Partenord, cette approche hybride a été utilisée avec succès.La maquette présentait :

• une partie blanche pour l’existant : bâti conservé, socle urbain inchangé, topographie,

• et des éléments en couleur pour les ajouts ou transformations : nouveaux immeubles, aménagements paysagers, circulations piétonnes.

Ce choix a permis de :

• mettre en évidence les changements sans altérer la lecture globale,

• faciliter la compréhension pour tous les interlocuteurs (élus, riverains, techniciens),

• créer un support clair et didactique, sans surcharger la maquette.

Conclusion

Faut-il choisir entre maquette blanche et maquette en couleur ? Oui… et non.

Chaque solution a ses mérites, selon le contexte, le public et les objectifs. Mais dans de nombreux cas, l’intelligence réside dans le mélange : une maquette hybride, sobre mais lisible, neutre mais expressive, capable de transmettre à la fois la rigueur du projet et son ambition visuelle.

👉 En fin de compte, la meilleure maquette est celle qui sert le mieux votre intention. Et parfois, cela passe par une palette de blancs… avec juste ce qu’il faut de couleur.